L'instant réflexion/le regard des gens.

Salut mes amours.

Comme tu le sais, parfois j'aime bien réfléchir, même si ça vole pas bien haut. Et l'autre jour en me lissant les cheveux (oui, trois fois par an je me lisse les cheveux), j'ai réfléchi. Note quand même le lien entre la réflexion hautement philosophique que je m'en vais t'étaler et l'activité fort intellectuelle durant laquelle m'est venue cette idée. Bref. Et comme tu le sais probablement aussi, j'ai pas ouvert ce blog juste pour vous parler de rouges à lèvres et d'eye liner, mais pour partager aussi ce que je pense, parce que je trouve ça important et que j'aime bien avoir vos avis.

Le sujet de ma réflexion se trouve donc être le regard des autres. Je repensais à une petite fille il y a quelques temps dans la rue qui m'avait dévisagée avant de crier à sa mère "LA DAME IL EST BIZARRE". Bon, j'avoue que ça m'a fait marrer, parce que j'avais les cheveux bleus et violets, parce que j'aime bien porter des trucs qui tapent un peu à l'oeil, du cuir, des décolletés, du rouge à lèvres voyant, ce genre de choses. Sans être la meuf la plus délurée vestimentairement au monde non plus, faut pas déconner. Et si le regard des enfants ne me dérange absolument pas parce que c'est souvent innocent, parce qu'il me semble légitime de leur part de dévisager une dame qui a les cheveux roses ("OOH REGARDE PAPA ON DIRAIT UNE FÉE", ça m'a limite foutu les larmes aux yeux de mignonnerie ça) avec les yeux écarquillés, c'est plutôt sur le regard des adultes que je vais me pencher. Et je parle pas que pour moi, mais de façon générale. Le regard qu'on se porte les uns aux autres.

Je suis la première à juger tout ce que je croise, je l'admets. Et à critiquer. Beaucoup, beaucoup, beaucoup. Même si je me soigne franchement (genre c'est une maladie t'sais), je travaille sur moi pour essayer de devenir plus tolérante et c'est pas évident, surtout les jours où je suis de mauvaise humeur. Là t'as pas intérêt à me croiser avec un pantalon qui te boudine ou un fond de teint trop orangé. Mais ça va mieux quand même, parce que bon, je suis pas un modèle de perfection. Cela dit, passée la critique facile du genre "non mais la meuf qui se balade avec des racines de deux centimètres c'est juste pas possible" (auto-vanne bonjour), j'essaie de relativiser et de me dire qu'il y a bien plus important que ça. Qu'elle a pas eu le temps, la flemme, qu'elle a le crâne irrité et qu'elle veut attendre un peu (oui, là on parle de moi) et qu'il faut pas s'arrêter à ça, que comme dirait ma maman "Mais elle est sûrement très gentille cette dame!". Mais avouons-le: on fait tous ça. TOUS.

J'essaie de vous délivrer un message de paix et d'amour de licorne: essayons tous d'être plus tolérants les uns envers les autres et de ne pas s'arrêter à l'apparence. Non, un gothique n'est pas forcément dépressif. Non, une bimbo n'est pas forcément la pire des connes. Non, les tatoués ne sont pas tous des drogués sidaïques. Non, ce n'est pas parce que tu écoutes du Céline Dion à fond en Angleterre pour entendre quelqu'un parler français que tu vas écouter ça jusqu'à la fin de ta vie. Non... vous avez compris l'idée. Bon, faut admettre qu'il y a des fois c'est  physique et y a des gens que tu peux pas saquer, c'est la vie c'est comme ça. Mais il faut creuser un peu plus. Je vais pas vous raconter ma vie, mais c'est à cause de ce manque de tolérance que j'avais plus d'amis en CM1. C'était super trop nul. ALORS AIMEZ VOUS LES UNS LES AUTRES OKAY?

Cela dit, j'aimerais parler de l'inverse (j'arrive pas à tourner ma phrase autrement), c'est-à-dire des gens qui n'arrivent pas à s'assumer ni à se moquer du regard des autres. Et c'est ce que je trouve le plus triste. Parce que qu'on le veuille ou non, quoi qu'on fasse, il y aura toujours, TOUJOURS quelqu'un pour nous juger. Et je me trouve plutôt bien placée pour parler de la question (jemejettedesfleurssalut. Aimez-moiquandmême. S'il-vous-plaît.) Si faire preuve de tolérance c'est un peu difficile, je me fous au contraire royalement de ce que les gens vont penser de moi quand je sors. Mais alors complètement. J'ai appris à ignorer ceux que ça dérange et à affirmer mes choix. Et ça serait tellement plus bien et plus mieux si tout le monde faisait la même chose. Arrêter de se plier à une image dictée, arrêter de se fondre dans la masse "parce qu'il le faut". Je ne dis pas que les gens qui veulent passer inaperçus devraient changer du tout au tout, au contraire. Il faut faire ce dont tu as envie et surtout l'assumer. Tu veux un tatouage? Fais-le! Tu veux te teindre les cheveux, les raser, les laisser pousser? Fais-le! Tu veux porter du jaune fluo et du orange? Fais-le! (Je garantis pas que ça soit regardable et seyant par contre, mais tu fais ce que tu veux.) T'habiller tout en noir? Ecouter du Britney et Iron Maiden en même temps? Fais comme Barbie: tu peux être ce que tu veux! Tant que tu es en accord avec toi-même c'est l'essentiel. Il y aura toujours quelqu'un pour te dire que ce que tu fais, c'est de la merde. Pour te dire que t'es mal sapée, mal maquillée, mal coiffée, que les tatouages ça fait dégueulasse, que... tout. Pour critiquer et te juger. Mais il faut passer outre. Il y a beaucoup trop de gens qui me disent qu'ils adorent mes cheveux mais que jamais ils oseraient faire la même chose parce que c'est se faire remarquer, parce que ci ou ça... Je dis beaucoup, on dirait y en a 25 par jour tu sais. Mais il y en a eu quelques uns, et c'est déjà trop je trouve. Et tout ce que j'ai trouvé à leur répondre c'est que s'ils avaient envie, il fallait le faire et pas se poser de question sur ce qu'en penseront les gens après.

Parce qu'on oublie un truc essentiel. Si t'es pas bien avec toi-même, tu pourras pas l'être avec les autres. Tu sais, les rares fois où je dois me présenter à des gens et où on me dit "non mais tu peux pas y aller comme ça" parce que les tatouages, parce que trop de choses, je me demande où est le souci. Non je vais pas aller en entretien professionnel en body transparent, j'ai un minimum de décence. Mais à partir du moment où j'estime qu'il n'y a rien de choquant dans la façon dont je me présente et surtout, que je me sens bien avec moi-même, avec l'image que je renvoie, alors tant pis pour les autres. Et si ça passe pas de leur côté, alors tant pis. Même si ça pouvait me fermer des portes, même si n'importe quoi, je changerais pour personne. Et j'aimerais tellement que tout le monde fasse la même chose. Que tout le monde ignore les réflexions désagréables qu'on peut se prendre dans la tronche, qu'on s'ouvre aux autres et qu'on soit en accord avec soi-même. Parce que finalement, c'est tout ce qui importe. Rester soi, spontané, arrêter de se forger une image dictée (je dis ça mais y a des fois je me tape la honte quand même. J'ai dû m'installer un filtre d'auto-censure dans le cerveau parce que je dis tellement tout ce qui me passe par la tête que parfois... oh mon dieu.)

Et même si on te renvoie tout le temps dans la tronche ce que tu es, ce que tu fais, ce que tu renvoies, dis-toi que d'une part, l'essentiel c'est que tu te plaises à toi-même, que tu sois en accord avec ta licorne intérieure (ou ton hérisson, ton tétard... c'est toi qui vois hun), mais surtout, que le jour où une petite fille un jour dans le bus te dira que les cheveux roses c'est trop cool et qu'elle dise à sa maman que quand elle sera grande elle aura pareil, ça sera juste la plus belle des récompenses (je te jure que j'ai les larmes aux yeux en écrivant ça). ASSUME-TOI BORDEL DE CUL. Et puis les autres, tu les emmerdes.

Ceci était un message pailleté du ministère de l'amour.
Je vous aime.